C’est quoi l’énergie ?

Ne serait-ce pas la vie qui se décline en une multitude de petites choses vitales qui n’ont l’air de rien ?! Les petites choses qui se lisent entre les lignes et qui font que chacun peut-être le soignant de l’autre !

Corinne Gagné

Témoignage

La force de l’amour.

Maman vit en EHPAD depuis 2 ans. Le 28 décembre 2020 elle est atteinte de la Covid19. Immédiatement des mesures drastiques sont mises en place, isolement de tous les résidents « malades » pour limiter la propagation du virus au sein de l’établissement. Maman est transférée dans une nouvelle chambre qu’elle partage avec une autre personne, elle aussi « malade ». Les portes des chambres sont fermées et seul le personnel revêtu d’une tenue qui ne permet pas de les reconnaître est autorisé à rentrer dans les chambres. La chambre qui devient « une prison ».

A la perte de repères j’ajoute la peur de ne plus revoir ses enfants car les visites sont interdites. Peur de mourir seule. Son état mental s’aggrave très rapidement (refus de s’alimenter et perte de moral). A 95 ans, elle n’a plus la force de se battre, elle pleure de désespoir. Elle reste alitée et refuse de nous parler au téléphone.

Dans l’urgence de la situation, je suis autorisée à lui rendre visite dans sa chambre accompagnée d’une infirmière. Je porte la tenue réglementaire et je dois respecter les distances de sécurité. Lorsque je rentre dans la chambre, maman est très affaiblie et demande à mourir. Je supplie l’infirmière de me laisser lui prendre les mains, le toucher est tellement important et encore plus dans ce moment-là. J’essaie à travers le toucher de lui transmettre mon énergie et tout mon amour. Je la réconforte comme je peux et je la rassure. Elle s’agrippe à mes mains et ne veut surtout pas les lâcher. La visite terminée, le déchirement de la séparation est terrible pour nous deux. A ce moment-là, je ne sais pas si je la reverrai. Je ne lui dis pas adieu mais seulement que je l’aime. 

Deux jours plus tard, maman est assise au fauteuil et accepte de s’alimenter. Elle reprendra petit à petit l’envie de se battre pour nous, ses enfants. Aujourd’hui elle va beaucoup mieux et a retrouvé son sourire.

Le manque de liens et de relations est terrible pour les résidents de ces établissements. L’éloignement avec leurs proches insupportable, les résidents se sentent abandonnés. Ces mesures restrictives ont eu des effets délétères sur la santé mentale des résidents. Oui il a bien fallu prendre des décisions face à cette « pandémie » mais à quel prix… J’ai eu beaucoup de chance que l’on m’accorde cette ultime visite sinon maman ne serait plus là aujourd’hui. J’ai une pensée toute particulière et beaucoup de compassion pour toutes ces familles qui n’ont pas pu dire au revoir à leur proche.

Shirley, réflexologue vectoriel

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